Croisière sur le Mékong

Du Cambodge au Vietnam

23 oct au 4 nov 2019 par G. Zbir

 Lire aussi :  Le carnet de voyage de Claude Poliakoff  

 Et  voir :  Les photos de Béni et d’Huguette 

    Nous étions 22 sur un bateau 4 ancres pouvant accueillir 44 passagers. C’est vous dire si l’équipage était à nos petits soins. C’est le voyage au cours duquel j’ai le mieux mangé : à bord et dans les différents restaurants. Une nourriture fine, variée et bien cuisinée. Un régal.

    Nous avons eu la chance d’aller à la rencontre des paysans et de découvrir leurs modes de vie, peu enviables, faits de travaux des champs, d’artisanat et d’élevage. Et pourtant ils m’ont semblé heureux, souriants et accueillants, comme si nous étions des amis très attendus.

             Le Mékong ? Un fleuve étonnant qui se divise en neuf bras dans le delta, dont certains ne sont pas navigables en période sèche alors qu’à la saison des pluies ses crues atteignent cinq à six mètres de haut, obligeant les riverains à construire des maisons sur pilotis. Près de Kampong Chhnang il se déverse dans le lac Tonlé Sap dont la largeur atteint soixante cinq kilomètres, donnant l’impression d’une mer intérieure puisqu’on n’aperçoit pas les rivages.

  Après avoir visité Siem Reap, jolie ville dynamique aux larges avenues, nous nous sommes rendus à Angkor dont les célèbres temples, construits au douzième siècle sur une superficie de cinquante kilomètres carrés, furent mis au jour en 1904 par des archéologues français. On peut y voir des bas-reliefs de huit cents mètres de long aux sculptures d’une incroyable beauté dépeignant des scènes des épopées hindoues.

Le plus beau de tous, à mon sens, est le temple des dames, ainsi baptisé en référence à la beauté féminine. Au point qu’André Malraux emporta, frauduleusement, avec la complicité d’un paysan, deux statuettes qui lui valurent un procès retentissant et une condamnation à résidence surveillée de plusieurs mois.

    Impossible, lorsqu’on est au Cambodge, de ne pas évoquer l’effroyable épisode des Khmers Rouges dont le lycée de Phnom- Penh, transformé en camp de concentration d’où personne n’a pu s’échapper, témoigne de ce que furent les sévices des millions de martyrs du régime mis à bas en 1979. Pour en savoir plus, je vous recommande la lecture du livre de François Bizot, « Le portail », archéologue français, prisonnier des khmers rouges. Ce traumatisme est encore très présent dans l’esprit de chacun car il n’y a pas de famille dont un membre n’a pas été torturé ou assassiné. Le Cambodge n’en est pas pour autant devenu un pays démocratique, car ses habitants nous confiaient que les résultats des élections sont toujours annoncés avant la fermeture des bureaux de vote, excepté en 2016 où un parti d’opposition fit son entrée sur la scène politique avec une cinquantaine de députés. Mais la fête ne dura pas longtemps, car dès le lendemain, tout ce petit monde fut arrêté et incarcéré.

    Puis nous entrâmes au Vietnam, dont le niveau de vie, sans être comparable au notre, est supérieur à celui du Cambodge. Même accueil chaleureux de la population malgré un passé commun douloureux. Mais ce n’est plus qu’un souvenir et les Vietnamiens ne retiennent de la présence coloniale que ce qu’elle leur a apporté de bon. De beaux bâtiments comme la cathédrale de Saïgon, sa mairie, de larges artères haussmanniennes et des parcs bien entretenus.

 

  Se promener de nuit dans la ville est un vrai plaisir à condition d’oser traverser la rue au milieu d’un flot incessant de motos, car il n’y a pas de transports en commun et le métro en construction depuis trois ans n’est pas encore opérationnel. De grandes avenues ont conservé des noms de personnalités françaises : Calmette, Pasteur et Alexandre de Rhodes, père jésuite français né à Avignon en 1591 qui mit au point le « Quoc-ngu », un alphabet s’inspirant du latin, imposé par les français en 1950 et qui est encore aujourd’hui la transcription officielle du vietnamien. Cocorico !!!

    A signaler que cette partie d’Asie du sud-est vit sous l’influence chinoise, peu appréciée dans la région. Au point que les populations appellent les chinois les « fourmis rouges » car ils sont partout, s’appropriant même des iles vietnamiennes de la côte est, ce dont le gouvernement ne parle pas, car l’absence de riposte pourrait être interprétée comme un aveu de faiblesse. Mais que faire contre ce puissant voisin ? Et puis ces chinois sans gênes, crachent, parlent fort et passent devant tout le monde dans les files d’attente !!!

    Je pourrais en écrire plus tellement il y aurait de choses à dire. Voilà, cependant, ce que j’ai retenu d’essentiel de ces beaux pays d’où je suis revenu content mais bronchiteux, car le taux d’humidité était de 100% et le ressenti de 38°, avec partout des clims fonctionnant au maximum de leur puissance.

Gérard Zbir

 Lire aussi :  Le carnet de voyage de Claude Poliakoff  

  Et voir :  Les photos de Béni et d’Huguette 

Ce contenu a été publié dans Asie, Récits de voyages. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.